L'artiste pose son chevalet, face à la fenêtre. Nous sommes en fin d’été. Le temps gris de ces derniers jours, a fait place à un beau soleil qui traverse agréablement la pièce. Toute cette lumière va l’épauler pour apprécier le mélange de sa palette de couleurs. Elle installe, ensuite, sa toile, sur le bois moucheté de peintures séchées des précédentes |œuvres. L’esquisse est finie depuis hier.
Marie a déjà un pinceau entre ses
dents. Elle se dresse bien droite devant le grand miroir. Son peignoir de satin
glisse sur le sol et découvre son corps nu, appréciant les rayons de soleil qui
frappent sa peau. Cette chaleur et cette couleur jaunâtre va l’aider à peindre.
Pendant un long moment, Marie regarde
son corps que lui reflète la glace. Son visage trahit plusieurs états d’âme,
mais c’est un sourire qui l’émerveille soudain. Le pinceau quitte ses lèvres et
le mélange des pâtes acryliques commencent.
Sa chevelure apparait déjà sur la
toile. Une chevelure châtain qui recouvre ses épaules. Les couleurs, cette fois
celles du salon de coiffure, dissimulent quelques cheveux gris arrivés, peu à
peu, au fil des ans.
Bientôt son visage apparait. Et même
si quelques rides dessinées ne dénotent en rien sa beauté, son visage est
radieux, elle réussit à transmettre sur sa toile son yeux pétillants, cette
étincelle qui illumine son regard, preuve de son bien être actuelle. Son visage
est plus rond qu’avant, mais qu’importe, sa bouche reste pulpeuse.
Son pinceau peint ses seins
maintenant. Une poitrine plus lourde, plus ronde qu’avant. Mais elle sait que
ses décolletés provocants attirent toujours les yeux des hommes et font jalouser la gent féminine. Elle en est
même fière.
Ses hanches aussi sont moins
accentuées et son ventre moins plat. Elle s’en fiche. Son corps a souffert, a
été meurtri, parce que Marie a mis au monde trois enfants. Elle sait qu’elle ne
retrouvera plus sa taille de jeune fille. Marie est un peu plus ronde, mais
Marie a appris à s’aimer comme ça.
D’ailleurs, elle reste coquette, pour preuve son maquillage parfait et illustré
aussi par son pubis qu’elle dessine, maintenant. Un pubis bien ras, entretenu
pour le plaisir de son homme, mais aussi du sien. Est-ce le chatouillement du
pinceau qui peint son sexe sur la toile qui fait cet effet ? Parce que Marie
sent une sorte de picotement au bas ventre, une sorte d’excitation. Sa main
descend tout lentement vers ces poils. Ces doigts effleurent son pubis et
viennent même au contact de ses lèvres. C’est comme si elle caressait une autre
femme. Mais ce corps qu’elle peint est bien le sien et elle l’aime. Souvent,
d’ailleurs, elle adore s’adonner à des plaisirs solitaires jusqu’à arriver à
des orgasmes fulgurants. Mais, Marie abandonne, à regret, ses caresses, car
Marie veut finir sa peinture.
Ce tableau, je l’ai en face de moi, maintenant, bien sagement accroché, au-dessus du lit et je fais l’amour à Marie. Marie, je l’aime. Marie est belle.
Nous les femmes, en nous maquillant, nous réalisons souvent notre autoportrait.
RépondreSupprimerEt c'est très excitant pour un homme de vous voir vous maquiller.
SupprimerAs-tu le même ressenti, toi, Marianne, en regardant tes amantes se pouponner pour ses aimées devant le miroir ?
Comme je le dis souvent, vous le faites pour vous, mais pour les autres aussi.
Plaisir partagé.
(C'est comme les sous-vêtements et tenues sexy.)
Bien sûr, c'est très excitant de nous regarder nous maquiller. C'est souvent le point de départ de caresses très très intimes...
SupprimerSans oublier le parfum et l'odeur de peau de chacune.
SupprimerAvec l'arrivée de la photo numérique, un nombre très important de selfies sexys et de selfounes sont disponibles en deux clics de souris. Il y a même des sites Internet dédiés à celles qui aiment s'exhiber et ceux qui aiment les admirer. C'est bien moins poétique que ton récit, mais l'instantanéité est dans l'air de notre temps.
RépondreSupprimerJe suis sûr que l'excitation d'avoir fait ces photos puis de les montrer sur le web leur donne les mêmes envies de plaisir solitaire que dans ton histoire...
Oui, Phil, tu as sans doute raison. Effectivement le selfie a remplacé tout le charme d'antan.
SupprimerL'évolution des temps modernes passe par là, et, ça va même trop vite.
Mais c'est comme ça, et comme tu dis s'ils prennent du plaisir pour l'auteur et pour le voyeur, c'est le principal.
On part quand même dans une drôle de spirale.
Des selfounes dis-tu, c'est marrant ça.
Il y a aussi donc des selfcucus, des selfnibs, etc...
Oui, selfoune, je trouve ce mot rigolo. Pour les autres parties du corps, il faut qu'elles commencent par un F pour que ça marche.
SupprimerPar exemple, à la place de ton selfcucu,on pourrait dire selfesses ou selfion.
J'ai retrouvé le site spécialisé dans l'exhib à thème : www.jememontre.com
Ah, ok, Phil, je n'avais pas vu la règle du "f". Ce qui est logique.
SupprimerMerci de ces précisions marrantes, illustrées par ton drôle de site.
Il y avait un site spécial breton ou plutôt "bretonnes" comme ça aussi de selfies (les bretonnes montrent leurs seins) ; Boo.bzh. Je ne sais pas s'il fonctionne toujours.
A moi Phil de donner des explications sur ce site des bretonnes. Je ne sais pas si ce sont même, des selfies. Bref.
SupprimerC'est à prendre plutôt avec humour mais sur un fond de liberté féminine. Il y a de tout.
Claire Maoui, la créatrice, s'explique ici.
https://www.letelegramme.fr/bretagne/boo-bzh-les-seins-bretons-pointent-sur-le-net-02-08-2016-11168973.php
Merci. J'avais zappé l'info à l'époque.
SupprimerAujourd’hui, le site semble momifié. Il n'y a plus que la page d'accueil qui tourne en boobs, heu... boucle.
Je suis Marie dans le texte et je comprends très bien ce qu'elle ressent et vit. Nous retrouvons les deux côtés du cerveau dans ton texte. Quand elle se peint, elle est en cerveau droit ( ou gauche ), quand le désir la rattrape, elle échappe au côté artistique du cerveau. Je perçois tout le côté tactile de son mélange des couleurs! Ton texte est splendide.
RépondreSupprimerOh, je te remercie Belle Elisabeth pour tes mots. En l'écrivant, je ne m'étais pas posé les questions sur les hémisphères du cerveau. Mais tu as raison.
SupprimerTout passe par là.
J'avais appuyé sur le fait de la désolation de cette femme en voyant son corps vieillir, pour finalement se trouver encore belle, à juste titre, malgré la naissance de quelques rides.
Je suis ravi que tu viennes sur mon blog, surtout avec de beaux commentaires comme celui-ci.
J'essaie de valoriser la femme qui me fascine, comme tu le sais, à travers tout sorte d'arts, en sachant que je ne suis pas un artiste, moi-même.
Bise.